Écrit d'Alain - Double vie
Alors que la misère m’enchaîne à ce boulevard et que mes doigts raidis peinent à tenir l’ardoise, un coin de mon
cerveau prépare le week-end.
J’ai conservé dans une enveloppe dix pour cent des aumônes que les passants me firent afin de pouvoir, un jour
toutes les deux semaines, pouvoir mener ma double vie. J’ai collectionné des habits pour tous les ages, toutes les
tailles et tous les sexes identifiés.
Et dimanche j’irai distribué tous ces trésors à d’autres miséreux qui, comme moi, peuplent et décorent la capitale et
ses trottoirs.
En l’hiver de l’année passée, alors que je quêtais dans une rue humide, je vis venir à moi des jeunes gens
sympathiques qui s’enquirent de ma santé, m’offrirent un café, un peu de leur temps. Plus tard, un autre jour, je les
vis revenir et, au fil du temps, des liens se créèrent. Nous devînmes complices… peut-être amis.
Alors, à force de les voir en maraude, j’ai eu envie de me joindre à eux, de m’associer à leur effort. C’est ainsi que
depuis un an déjà, un dimanche sur deux, je dérive dans les rues de Paname.
Je ne vous raconte pas çà pour me faire mousser… ni simplement pour noircir cette page. Je m’adresse à vous et
vous raconte ma double vie dans l’espoir que vous aussi — si le temps, la vie et l’envie se conjuguent pour vous y
inciter —, vous nous rejoindrez dans cette action… humanitaire. Si un sans rien comme moi peut donner… est-il
besoin de commentaire ?
Vous savez où me contacter
et vous avez mon téléphone
n’hésitez pas à m’appeler
je n’ai jamais mordu personne
ou alors c’était pour jouer
par érotisme cannibale
quand la tendresse débordait
dans un coin sombre en fin de bal
amis qui devant moi passez
pour vous inciter à bouger
je vous avoue ma double vie
venez avec moi marauder
et si vraiment ne le pouvez
parlez-en à d’autres amis
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